L'odorat - Annik A (lundi)

Lorsque j’étais petite, une orange nous était offerte à Noël et elle avait une saveur unique.  Mais l’orange m’a également suivie le long de mon enfance grâce à l’odeur si particulière que dégageait sa peau.

Il fallait tout d’abord l’éplucher pour faire le plus long serpentin possible à déposer sur le poêle à charbon qui réchauffait la maison familiale.

Au bout de quelques minutes, une odeur suave et discrète commençait à se dégager. Je restais alors auprès du poêle pour en profiter et la humer dès les premières senteurs. Puis sa puissance se développait et envahissait tout l’espace de la pièce commune. Il était alors possible de vivre, jouer, manger tout en respirant cette atmosphère qui me transportait dans les pays plus chauds où les agrumes se développent.

Il ne fallait pas ensuite oublier de retirer le serpentin tordu par la chaleur, asséché et cassant, bruni mais pas encore noirci, avant qu’une odeur âcre de brûlé ne vienne gâcher cette atmosphère si bienfaisante.

Le plaisir ne s’arrêtait pas à la pièce où la pelure d’orange s’était asséchée pour donner le meilleur d’elle-même : ma chambre à coucher, située à l’étage, avait accueilli les effluves si légères qui s’étaient envolées pour que je puisse les respirer avant de plonger dans le sommeil.

Annik A