Elle a dû marcher plusieurs heures car son village est situé loin de Mérangding.
Les villageois ont mis une grande bâche sur la terre battue où sont étalés les vêtements apportés par l’association.
C’est plus tard que j’ai remarqué Haroutcha, un grand panier sur le dos, soutenu par un large bandeau sur
son front. Elle a un sourire enfantin, porte un sari rouge vif avec des arabesques dorées. Elle est d’une très grande beauté. Je la regarde, et, je ne sais pas pourquoi, elle se lève et nous
tombons dans les bras l’une de l’autre…
Le responsable du village lui demande de prendre quelques vêtements qu’elle choisit et dépose sur son panier. Elle se penche mais tout en maintenant précautionneusement ce panier dans le dos. Son
contenu doit être très important !
Elle enlève son bandeau et dépose le panier sur la table en bois recouverte d’une jolie nappe fleurie. Tout le monde est assis, il y a beaucoup de bruits, de rires et d’animation. J’observe cette petite communauté. L’homme qui organise la distribution prononce un discours pour nous tous. Nous écoutons avec attention et applaudissons. Les enfants tournent et s’amusent.
J’entends un petit cri puis des pleurs. Je vois Haroutcha soulever les tissus posés sur son panier et prendre dans ses bras un tout petit bébé d’un mois au dire du guide.
Il a faim. Elle sort son sein de son sari et lui donne à boire. Je suis à des milliers de kilomètres de la France et toutes les mamans du monde se ressemblent lorsqu’elles nourrissent leur enfant.
Je vois ce petit être bouger ses mains à la peau dorée. Il glougloute et boit avec satisfaction. Sur notre insistance, le guide demande son âge à Haroutcha. Elle répond « 20 ans ». Je pense qu’elle a plutôt l’âge d’une adolescente.
Cette très jeune fille repose délicatement son bébé dans le panier et le recouvre de tissus. J’ai juste le temps de trouver un sac pour rassembler ses vêtements avant qu’elle remette son bandeau
sur la tête et reparte en direction de son village, en faisant des petits signes pour dire au revoir.
Je la suis longtemps des yeux.
Elle escalade avec facilité la montagne, et petit à petit, sa silhouette devient un point rouge.
Jusqu’où va-t-elle monter ? Je crois encore voir son panier puis plus rien…
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Michèle Lorin (lundi) (dimanche, 07 avril 2019 17:20)
Très joli texte et cette jeune femme émouvante qui allaite son bébé comme toutes les mamans du monde !